Search the Community
Showing results for tags 'tête penchée'.
-
Tête penchée, pertes d'équilibre : Causes, diagnostic et traitement des problèmes neurologiques chez le rat Le rat Minagrobis a la tête qui penche d'un côté. Il se casse la margoulette, il tourne en rond, bref : il y a un truc qui cloche. On appelle ça "le syndrôme vestibulaire". Vous foncez sur votre forum préféré, vous faites une recherche et vous trouvez : "otite ou AVC". C'est plus ou moins exact et plus ou moins efficace. Nous vous proposons ici une analyse plus détaillée des symptômes, des causes possibles et des traitements. Le syndrôme vestibulaire n'est pas le seul problème neurologique dont peut souffrir Minagrobis. La neurologie est la discipline médicale qui s'intéresse au système nerveux : les centres nerveux (cerveau, moëlle épinière) et les nerfs eux-mêmes. Les autres problèmes pouvant toucher ces organes (avec ou sans syndrôme vestibulaire associé) sont également traités ici. Les symptômes qui alertent Minagrobis a la tête penchée d'un côté. Cela peut être plus ou moins flagrant. Si vous avez un doute (vous avez l'impression que ça penche, mais vous n'êtes pas sûr), observez-le plusieurs fois à quelques minutes d'écart à chaque fois, et demandez-vous si vous avez l'impression que c'est toujours du même côté : si la réponse est oui, cela va dans le sens d'un problème. (Sinon, il est bien possible que vous paniquiez pour rien : Minagrobis ne porte pas de minerve, sa tête n'est pas toujours pile poil verticale !) Minagrobis a un problème pour se servir de ses pattes. Il y arrive mal, ou pas du tout. On parle d'ataxie (problème de coordination fine des mouvements), de parésie ou paralysie (le rat a du mal à ou ne peut plus bouger du tout les pattes). La ou les pattes touchées peuvent renseigner sur la nature du problème : tétraplégie / ataxie généralisée aux quatre pattes, cela indique un problème de moëlle épinière au niveau plutôt cervical (entre le cerveau et le passage des nerfs contrôlant les pattes avant) ; hémiplégie / ataxie asymétrique (un seul côté touché, par exemple : patte avant et arrière gauche), ce sera plus souvent un problème cérébral ; paraplégie / seules les pattes arrières sont touchées, la moëlle est à nouveau soupçonnée mais avec une lésion plus basse (dorsale ou lombaire). Une incontinence urinaire et/ou fécale sera assez souvent présente dans ce cas ; seulement les deux pattes avant (souvent associé à une paralysie faciale) : problème cérébral ; les lésions de la moëlle touchant toujours tout ce qu'il y a en aval de la lésion, en cas de problème médullaire si les pattes avant sont touchées les pattes arrière le seront aussi. Minagrobis a des problèmes d'équilibre. Il tourne en rond sur lui-même, se déplace en cercle, se casse la figure sur un côté quand il se déplace, ne peut pas se tenir debout. Il peut également être désorienté, c'est-à-dire qu'il a l'air de ne pas trop savoir où il est, où aller, ne vient pas vers vous quand vous l'appelez. Les yeux de Minagrobis font des mouvements bizarres. Ses pupilles font une sorte de balayage, de droite à gauche ou de haut en bas, régulier et incontrôlé. On appelle cela un nystagmus. C'est le mouvement que font vos yeux par réflexe quand vous regardez par la fenêtre d'un train - mais quand on n'est pas en train de regarder par la fenêtre d'un train, ce n'est pas normal. Ce signe est difficile à voir pour un néophyte, c'est le plus souvent le vétérinaire qui pourra le remarquer. Il est également possible que Minagrobis voie double (diplopie), mais il ne pourra pas vous le dire et ce n'est pas facile à vérifier. Minagrobis n'a plus très bien conscience de son corps. Par exemple, il ne réagit pas quand vous lui pincez une patte (trouble de la sensibilité), ou ne remet pas sa patte en place si vous la pliez (trouble de la proprioception). Ce test, réalisé précautionneusement avec une pince à différents endroits, peut d'ailleurs permettre au vétérinaire de "localiser" grossièrement une possible lésion de la moëlle épinière et d'évaluer sa gravité. Une crise d'épilepsie (ou épileptiforme, "qui ressemble à de l'épilepsie") peut se produire, de même que des spasmes musculaires incontrôlés (on parle notamment de myoclonies ou fasciculations). L'épilepsie peut aussi bien être une cause primaire, qu'une conséquence de problème neurologique. D'autres symptômes plus ou moins repérables par un humain lambda peuvent exister, mais ceux-là sont les plus courants et les plus faciles à repérer. Ils ne sont pas forcément tous présents. Un seul d'entre eux suffit à soupçonner voire caractériser un problème neurologique. Les causes possibles sont nombreuses, et dépendent de l'endroit touché. Système nerveux central : le cerveau Les symptômes neurologiques peuvent être causés par un problème touchant le cerveau au sens large c'est-à-dire encéphale, cervelet, glandes, système vasculaire irriguant ces organes. Accident vasculaire cérébral (AVC) Le système vasculaire est composé de deux types de vaisseaux : les artères, qui portent le sang oxygéné et les nutriments aux organes, et les veines qui ramènent le sang utilisé par ces organes. Différents problèmes peuvent les toucher et causer des symptômes : L'obstruction d'une artère. La zone normalement irriguée par cette artère ne l'est plus ou plus suffisamment, elle manque d'oxygène, c'est l'ischémie. Différentes choses peuvent boucher une artère : un caillot de sang (thrombose) s'étant formé sur place ou ayant migré depuis une autre partie du corps à travers le système veineux, des plaques de graisses et de débris cellulaires calcifiées (athéromes), des amas cellulaires anormaux causés par des cancers (syndrome paranéoplasique). Les thromboses se forment pour deux raisons principales : l'immobilisation (le sang stagne et donc coagule, notamment dans les membres : a priori très rare chez le rat) et les troubles du rythme cardiaque (fibrillation auriculaire : une oreillette du cœur ne se contracte pas correctement, le sang stagne dans le cœur et un caillot se forme). Les chirurgies et les chutes peuvent également causer des thromboses. Les athéromes sont liés à une mauvaise hygiène de vie : alimentation trop salée ou trop grasse (vous nourrissez Minagrobis avec trop de restes de votre assiette, plats cuisinés, pizzas et autres cochonneries mauvaises pour vous et pour lui), tabagisme passif (vous fumez dans la pièce où vit Minagrobis, très mauvaise idée, et pas seulement pour ses poumons). Pour cette raison, peu d'AVC sont documentés chez le rat de laboratoire, alimenté sainement, mais on peut craindre que nos domestiques soient davantage touchés par le problème ! L'obstruction d'une veine. A ma connaissance, elle est rarissime dans les veines du cerveau. Une hémorragie. Un vaisseau du cerveau ou autour du cerveau se met à saigner. Parmi les causes possibles, on retrouve l'hypertension, la rupture d'anévrisme (dilatation de la paroi d'un vaisseau qui se rompt brutalement), les traumatismes (choc à la tête), les malformations du système artério-veineux (shunt). Tous les accidents vasculaires cérébraux sont des urgences médicales absolues. Chaque heure compte. En médecine humaine, le diagnostic repose à la fois sur l'examen clinique et sur des examens complémentaires : biologie (plaquettes, éléments liés à la coagulation, oxygène dans le sang) et imagerie (IRM, scanner, angiographie). Ces examens ne sont évidemment que rarissimement disponibles pour le rat. Le traitement repose sur l'administration de vasodilatateurs (souvent appelés "oxygénateurs du cerveau") : papavérine et vincamine. Les vétérinaires évitent les anticoagulants, probablement trop difficiles à doser chez le rat (risque d'hémorragie iatrogène), sans compter qu'en l'absence d'imagerie, on ne saura pas faire la différence entre AVC ischémique et hémorragique (et mettre un anticoagulant sur une hémorragie est une mauvaise idée). Il est possible de corriger un trouble du rythme cardiaque identifié à l'occasion d'une suspicion d'AVC par des médicaments (benazepril, atenolol ?). En ce qui concerne l'hygiène de vie, il n'est jamais trop tard pour arrêter de fumer dans la pièce des rats et pour les nourrir plus sainement. Infections Le cerveau, comme tous les autres organes, peut être touché par des virus ou des bactéries : méningites (inflammation des méninges, membranes protectrices du système nerveux), encéphalites (inflammation du cerveau lui-même). Ce sont beaucoup plus souvent des bactéries que des virus (mais un virus peut fragiliser l'animal et favoriser le développement d'une infection bactérienne). Malheureusement, les infections bactériennes sont souvent beaucoup plus graves. Chez l'humain on les confirme par une ponction lombaire, mais je ne crois pas que cela se pratique chez le rat... Le traitement repose sur des antibiotiques si la cause bactérienne est supposée. L'antibiotique doit être choisi parmi les molécules qui peuvent quitter le système sanguin pour pénétrer dans le cerveau ("passer la barrière hémato-encéphalique"), ce n'est pas le cas de tous mais votre vétérinaire devrait y veiller. Tumeurs et cancers Il existe une multitude de cancers et cela dépasse le champ de cet article. Un cancer, localisé n'importe où, peut causer des amas métastatiques qui vont venir boucher des artères (cf. 2.1), on parle de syndrome paranéoplasique (néoplasie = cancer, para = autour, donc "syndrome qui accompagne un cancer"). Des tumeurs de différentes natures sont susceptibles de se développer n'importe où dans le cerveau, c'est un domaine très pointu et très spécialisé. Toutefois, il nous paraît important de mentionner un cas particulier, a priori fréquent chez le rat et qui peut être impliqué dans les syndromes vestibulaires et d'autres signes neurologiques : la tumeur de l'hypophyse. L'hypophyse est une glande endrocrine (qui sécrète des hormones à l'intérieur du corps), situé au cœur de la boîte crânienne, à peu près à la jonction entre le lobe temporal et le tronc cérébral. Sa localisation interdit évidemment la chirurgie chez le rat, mais on a quelques retours d'expérience sur l'emploi de cabergoline ayant ralenti l'évolution de ces tumeurs. (L'hypophyse sécrète notamment de la prolactine, hormone sexuelle, ce qui expliquerait qu'une même molécule puisse avoir un effet sur les tumeurs mammaires et les tumeurs de l'hypophyse. La cabergoline inhibe la production de prolactine). La tumeur de l'hypophyse est fréquemment évoquée par les vétérinaires devant des symptômes neurologiques. Système nerveux périphérique Dans ce cas, c'est l'oreille interne qui est touchée, ce qui explique notamment les problèmes d'équilibre associés. La cause principale de syndrome vestibulaire périphérique est l'otite. Une mauvaise odeur se dégageant de l'oreille, ou une atteinte associée de la sphère ORL (nez qui coule, toux, bruits respiratoires) peuvent orienter sur cette piste, mais ils ne sont pas obligatoires. Dans ce cas, des antibiotiques seront prescrits. D'autres causes sont envisageables : tout ce qui se trouve entre le cerveau (en aval des noyaux vestibulaires, région du cerveau qui contrôle l'oreille au sens large : audition et équilibre) et l'oreille peut être touché. Le nerf auditif (également appelé nerf cochléo-vestibulaire) peut par exemple être atteint (inflammation, démyélinisation c'est-à-dire altération de la gaine qui entoure le nerf, tumeur : neurinome de l'acoustique...). Système nerveux central : la moelle épinière On sort du cadre du syndrome vestibulaire ici, mais cela représente une autre famille de problèmes neurologiques qui peuvent également atteindre le rat. En cas d'atteinte de la moelle épinière, c'est essentiellement le train arrière qui sera touché, avec toutes les fonctions qu'il abrite : motricité, sensibilité, contrôle de la vessie et des sphincters... La moelle épinière peut souffrir ou être lésée pour différentes raisons : Un traumatisme (chute) ayant causé un œdème, un hématome, une hémorragie, une fracture... Une hernie discale (le disque, petit coussin qui sépare deux vertèbres, est abîmé et ne remplit plus son rôle protecteur pour la moelle et les vertèbres). Le disque peut être déchiré, rompu, partiellement ou totalement expulsé. L'arthrose des vertèbres, ou différentes déformations des vertèbres comme le bec de perroquet ; L'embolie fibro-cartilagineuse : le système vasculaire irriguant la moelle est bouché quelque part suite au détachement et à la migration d'un bout de cartilage d'une vertèbre, la moelle n'est plus irriguée en aval. Des tumeurs locales sont probablement possibles. La tumeur hypophysaire peut également se traduire par des symptômes touchant la même zone. Il n'y a pas grand-chose à faire. La gravité des symptômes et la possibilité de préserver ou non la qualité de vie du rat doit guider la décision. Si les symptômes sont assez légers, il est possible suivant les cas d'améliorer la situation avec des anti-inflammatoires et/ou de la kinésithérapie (mobilisation passive, natation...). Diagnostics, traitements, évolution Nous les avons déjà évoqués dans les sections précédentes suivant les cas, en voici un résumé en forme de conclusion. Il n'y a pas vraiment de règle générale étant donné la variété des causes possibles. Les examens complémentaires sont le plus souvent impraticables. Souvent, en plus de l'examen clinique, le vétérinaire retiendra des hypothèses de fréquence (il traitera par exemple avec des antibios et des vasodilatateurs pour couvrir un maximum de causes probables). Il vous parlera, comme nous, d'otite ou d'AVC : sachant que c'est peut-être inexact mais pédagogique et suffisamment parlant, disons qu'il s'agit de vulgarisation, qui ne change rien aux options thérapeutiques. Suivant la cause, la gravité des symptômes initiaux, la rapidité de réaction pour consulter, le rat atteint pourra se remettre (avec ou sans séquelles), vivre quelques temps avec des soins palliatifs, ou malheureusement, décéder rapidement ou être euthanasié. Dans le cas de séquelles ou de maladie évolutive incurable, des traitements symptomatiques palliatifs, destinés à améliorer la qualité de vie du rat, sont possibles. Par exemple, des antivertigineux (acetyl-leucine) ont récemment été employés avec succès pour un rat qui souffrait de problèmes d'équilibre de cause indéterminée. Des anti-inflammatoires (cortisone, meloxicam) peuvent être utilisés contre la douleur ou pour tenter de réduire un œdème ou une inflammation soupçonnée. Il faut également bien veiller à tous les symptômes secondaires qui pourrait découler de l'atteinte initiale, et les compenser au mieux. L'ataxie peut empêcher le rat de tenir sa nourriture dans ses mains, dans ce cas il faudra l'aider à se nourrir, lui proposer une alimentation humide en surveillant parallèlement la pousse des dents. Certaines paralysies faciales peuvent avoir des conséquences sur la fermeture des paupières et donc des yeux : veillez bien à l'hydratation des yeux (sérum phy, pommade ophtalmologique prescrite par le vétérinaire). Dans les cas les plus sérieux, il est possible de coudre la paupière sous anesthésie générale, de manière à préserver l'oeil et éviter douleur et surinfection. Un rat atteint d'un problème neurologique aura aussi souvent des difficultés à se nettoyer, aidez-le pour sa toilette et veillez à son hygiène, notamment l'état de la peau de son bas-ventre (cf. article sur la vieillesse). Il est recommandé de consulter son vétérinaire sans tarder en cas d'apparition de symptômes neurologiques, en particulier s'ils sont apparus brutalement : pour une partie des causes évoquées, les chances de survie et de récupération chutent très rapidement dans le temps, il est impératif de consulter dans les heures qui suivent. Au "pire", ce n'était pas grave (cela arrive aussi que ce soit une broutille !) ou il n'y aura rien à faire, mais vous n'aurez pas risqué de passer à côté de quelque chose de faisable. Ah, au fait, vous vous souvenez de Minagrobis, qui avait la tête penchée ? Il avait juste un torticolis ! Encore des questions ? N'hésitez pas à solliciter la communauté dans la rubrique Questions, problèmes, débats ! Première publication : 08/06/2012. Dernière révision : 30/05/2013.
- 1 review
-
- 3
-
- syndrome vestibulaire
- symptômes neurologiques
-
(and 5 more)
Tagged with:
-
Cet article a déménagé ! Retrouvez-le dans l'onglet Articles ou en suivant ce lien :
-
- syndrome vestibulaire
- neurologique
-
(and 6 more)
Tagged with: