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Les rats et la junk-food


douphie

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issu de : Junk food-addicted rats chose to starve themselves rather than eat healthy food , David Gutierrez , 5 aout 201

plus de détails ici : http://www.palmbeachpost.com/news/lifestyles/health/scripps-florida-addicted-rats-starved-themselves-r/nL5pW/ 
et ici : https://www.sciencenews.org/article/junk-food-turns-rats-addicts

 

 

Des rats accrocs à la junk-food préfèrent se laisser mourir de faim plutôt que de manger sain.



Des chercheurs ont découvert que donner aux rats un régime alimentaire composé d'un nombre illimité d'aliments type "junk-food" peut les rendre tellement accrocs à ce régime malsain qu'ils préféreront se laisser mourir de faim plutôt que de revenir à un régime normal.

Dans une série d'études menées sur une durée de 3 ans et publiées dans le journal Nature Neuroscience , Paul Johnson et Paul Kenny (des scientifiques de l'université de Scripps en Floride) ont démontré qu'un parallèle pouvait être fait entre la réponse des rats face à un régime "junk-food" et celle des toxicomanes, y compris quand on en vient aux changements de la chimie cérébrale.

Kenny a déclaré : "Nous connaissons les traits caractéristiques de l'addiction et ces animaux présentent chacun de ces traits".

Dans leur 1ère étude, les chercheurs ont nourri les rats soit uniquement avec un régime sain, soit avec ce même régime accompagné d'un accès illimité à de la "junk-food" de supermarché (y compris des gateaux et viandes transformés). En très peu de temps, les rats du second groupe ont commencé à présenter des troubles compulsifs alimentaires et sont devenus rapidement obèses.

Kenny précise : "ils ingèrent deux fois plus de calories que les rats du premier groupe".

Les chercheurs ont alors émis une hypothèse : les rats mangent de manière compulsive car, tout comme les toxicomanes, ils sont devenus insensibles aux petites quantités et ont besoin d'en ingérer toujours plus pour atteindre le même degré de plaisir.

Beaucoup de drogues douces fonctionnent en stimulant directement le centre du plaisir au sein du cerveau et principalement les récepteurs D2 de la dopamine. Une trop grande stimulation de ceux-ci entraîne une production de dopamine moindre, menant le drogué à compenser en consommant plus.
Etant donné que la dopamine peut être libérée en exerçant des activités telles que le sexe ou la nourriture, Kenny et Johnson ont supposé que l'addiction à la nourriture pouvait donc fonctionner de la même manière.

Pour déterminer si les rats s' étaient effectivement habitués à la dopamine, les chercheurs ont connecté directement le cerveau des rats du premier groupe à un appareil qui stimule leurs récepteurs D2 quand ils font de la roue.

Les rats mangeant de la "junk-food" font beaucoup plus de roue que les autres, démontrant que leurs récepteurs se sont insensibilisés. Cette profonde insensibilisation a eu lieu après seulement 5 jours de régime.

"Ils ne vivent pas les récompenses comme ils le devraient. Quand ils ressentent ça, une manière de se sentir mieux est de retourner manger de la "junk-food" " a déclaré Johnson. "Ils perdent le contrôle, c'est la caractéristique principale de l'addiction".

Dans un autre test de leur hypothèse concernant l'addiction, les chercheurs ont inoculé un virus bloquant les récepteurs D2 des rats mangeant sainement. Tous se sont mis à manger de manière compulsive très rapidement.
Jonhson déclare : "c'est la preuve ultime démontrant que l'obésité et la toxicomanie ont les mêmes fondements neurobiologiques".

Après avoir établi que les rats du second groupe étaient devenus accrocs, Johnson et Kenny ont voulu savoir jusqu'où leur addiction pouvait les mener. Ils ont alors exposé des rats de chaque groupe à des signaux électriques quand ils mangeaient de la "junk-food". Les premiers, habitués à manger sainement ont rapidement arrêté la "junk-food" alors que les seconds sont restés insensibles aux coups de jus et ont continué à manger.

La trouvaille certainement la plus choquante est venue quand les chercheurs ont enlevé l'accès à la "junk-food" aux rats du second groupe et les ont à nouveau nourris avec la même nourriture saine qu'ils avaient connue étant ratons. Ces rats ont simplement refusé de manger pendant 2 semaines quand ils n'ont plus eu accès à la nourriture malsaine.

Selon Kenny : "Ils se sont en réalité affamés de manière volontaire".

"C'est presque comme si vous cassiez quelque chose, c'est très difficile de revenir à ce que les choses étaient avant. Leurs préférences alimentaires ont dramatiquement changées".

Cette recherche suggère fortement que de nos jours, beaucoup d'humains souffrent également d'addiction à la nourriture. Cependant, Kenny fait remarquer que contrairement aux rats, tous les humains ayant accès à de la "junk-food" ne deviennent pas forcément obèses. Il attribue cette différence à l'influence des connaissances alimentaires et de la pression sociale sur la capacité à modérer leurs habitudes alimentaires.
"Les rats ne souffrent pas de la même pression sociale que nous" a-t-il déclaré.

La notion d'addiction alimentaire n'est pas nouvelle, et la relation "junk-food"/dopamine avait été mise en avant par David Kessler (ancien membre de la Food and Drug Administration) dans son best-seller "The end of overeating".

Sandy Linvingston, nutritionniste, déclare : "bien sûr nous voyons ce type d'addiction chez les humains, ils savent qu'ils ne doivent pas trop manger, mais ils le font quand même".
Elle a exprimé son espoir qu'une meilleure connaissance du côté biochimique de l'addiction alimentaire puisse mener à une moindre culpabilité et à un jugement moins sévère de l'obésité.
"Beaucoup de gens s'en veulent et se demandent pourquoi ils n'ont pas la volonté".

Jordan Rubin (auteur et fabricant d'un complément alimentaire) déclare : "La nourriture peut être hautement addictive, voilà pourquoi les gens décrivent la suralimentation et la perte de poids comme une guerre".
Il appelle à faire plus de recherches sur les composants exacts de la "junk-food" jouant un rôle dans l'addiction.

Ralph Dileone (chercheur sur l'obésité à l'université de Yale) a fait remarquer qu'il manquait des recherches sur les effets à long terme de cette addiction, même si un animal finit par changer son régime et perdre du poids plus tard. "Ils peuvent avoir récupéré un poids normal, mais leur réponse à la nourriture peut être définitivement altérée".

Suggérant déjà de nouvelles pistes pour des recherches futures, Kenny espère qu'une meilleure compréhension de l'aspect biochimique de l'addiction alimentaire pourra un jour permettre le développement d'un traitement ou d'un vaccin contre les troubles compulsifs alimentaires.
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