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CAY Tipiak


Artefact

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Mon p'tit Piak, mon Pipion, mon Tipiakou, mon Pirate... Tipiak est parti hier sur le nuage, où le pus n'existe pas et où le ventre ne fait jamais mal. Il est parti dans son sommeil, sans souffrir, nous l'avons retrouvé tout froid en position dodo, sa petite patte serrée sous son menton, l'air apaisé, un petit oreiller en sopalin sous sa tête.

 

Sacrée histoire que nous avons partagée tous les deux ! compliquée, faite de soucis et de lutte mais de tellement d'amour. Tipiak est arrivé chez moi par la gare de Massy, transmis par petit-ange2 entre deux trains, en quelques minutes, j'avais 10 heures de décalage horaire dans la figure, rentrée de Taïwan la veille, adoption dans la brume. C'était un adorable pirate, vif et joueur, mais déjà craintif avec les autres. Il se planquait entre le toit de la spoutnik et les attaches pour ne pas être vu et éviter les autres. Nous avons rapidement compris qu'il ne serait pas sociable. Il est devenu de plus en plus agressif, jusqu'à nous mordre. Nous ne savions plus comment le manipuler. Il venait mordre spontanément, alors que je faisais autre chose. Il y a gagné le surnom de "Tipiak le sanguinaire", j'y ai gagné deux points de suture à la main... et après avoir tout essayé, je me suis résolue à la castration.

 

Castration miraculeuse sur le plan comportemental. Tipiak est devenu un adorable nounours câlin, gentil, collant, n'a plus jamais posé les dents sur moi. Mais c'est là que les autres ennuis ont commencé.

 

Un premier abcès abdominal, un deuxième, une réopération, nous avons d'abord cru à une complication post-opératoire, des fils mal résorbés. Mais non. Les abcès revenaient, ailleurs, récurrents. Gentil, il se laissait soigner sans broncher, courageux, me laissait sortir le pus, nettoyer à l'eau oxygénée. Mais ça revenait, encore et encore. De juin à octobre, les abcès se sont succédés, jusqu'à un plus coriace, à coque, que nous avons décidé d'opérer. Et là, la surprise : pendant l'opération, le vétérinaire découvre que ces abcès ne sont que des poches secondaires, alimentées par un abcès primaire très profond, et énorme. 35mm de diamètre à l'échographie, inopérable. Nous le pensons condamné, le vétérinaire pronostique une septicémie pour les prochains jours. Nous le veillons comme un condamné.

 

Et puis, non. Il passe un jour, deux jours, trois jours, une semaine... il va bien. Il mange, il boit, il est heureux. Son ventre grossit, progressivement, mais lentement. Il a l'air décidé à rester avec nous. Alors nous organisons sa petite vie, notre petite routine autour de lui. Tipiak n'est pas réintégrable, il ne tolère pas ses congénères, il est heureux dans son rituel avec nous, ses deux humains sont tout pour lui. Alors que j'avais toujours dit que mes rats ne viendraient jamais dans mon lit, il gagne ce droit. Sa cage est dans la chambre et tous les soirs, nous le prenons pour sa sortie. Au début, il a sa maison et sa polaire au pied du lit. Puis de jours en jours, il monte, vers nos bras, sur notre oreiller, dans le lit sur nos genoux. Il cracotte, il sort ses yeux. J'attrape des crampes aux mains de ses longues siestes, son gros ventre calé dans ma paume. Chaque soir le même rituel dans le même ordre, vérifier que la maison est là, grignoter son petit dîner frais, câlin dans les bras, toilette intégrale des visages de ses humains, sourcils, front, bouche, oreilles tout y passe, tendresse, sieste au fond du lit. Il sait me dire qu'il a besoin d'aller à sa cage pour un pissou ou boire un peu, et remettre son petit nez à la porte pour revenir au lit. Si la moindre chose manque, il proteste, il faut sa maison, il faut que nous soyions couchés du bon côté du lit. S'il manque un humain, il renifle vers la porte pour attendre le deuxième. Le temps tourne en rond et c'est le bonheur. Chaque journée gagnée est une victoire.

 

Mais le ventre grossit. Grossit encore et encore. Tipiak semble moulé sur une bouteille d'orangina. Il n'a pas l'air d'avoir mal, au début. Mais il est de plus en plus gêné. Progressivement, il cesse de se mettre debout, se déplace moins, ne grimpe plus sur la table de chevet. Puis, il a du mal à faire sa toilette. Alors, on se dit qu'il faut faire quelque chose, qu'il va souffrir et mourir si on ne fait rien. On réfléchit. L'opération est exclue : trop profond, trop risqué, trop douloureux. Une idée folle arrive : et pourquoi pas ponctionner ? c'est risqué, très risqué, mais si on ne fait rien, on va juste le regarder mourir. On discute, et on décide d'essayer. J'attends tremblante à côté de mon téléphone que le vétérinaire appelle pour une mauvaise nouvelle... et non. Ca a marché. Tipiak se réveille, se lave, cracotte de soulagement. On lui a retiré 90 mL de pus. Il est métamorphosé, et on se prend à rêver de lui avoir offert de beaux mois, si ça ne revient pas trop vite. Evidemment le problème n'est pas résolu, mais on a gagné du temps.

 

Sauf que le pus se recollecte. Vite. Très vite. Trois semaines après, il est de nouveau difforme, de nouveau gêné dans ses mouvements. Alors on recommence, une fois, deux fois. La dernière ponction était mercredi dernier, tout c'était bien passé à part que la coque était en train de devenir plus dure, plus organisée : Tipiak se fabriquait un gros sas, pour isoler le pus, pour se protéger de cette chose monstrueuse dans son corps.

 

Le soir et le lendemain, Tipiak vient carrément se coucher sur mon ventre et y passe toute la soirée. Nous faisons un énorme câlin.

 

Dimanche matin, je suis absente, l'humain le voit manger, boire, il va bien. Dimanche après-midi, il dort. Il dort vraiment profondément, même un coup de nettoyage de ses accessoires ne le réveille pas... il ne dort pas, ou plutôt si, il dort pour de bon, il est parti. On savait que ça devait arriver, on a gagné six mois de bonheur imprévus, et pourtant son départ est impensable. Son rituel était devenu le nôtre, et soudain la vie devient absurde d'aller se coucher sans câliner Tipiak.

 

Merci à Goot et Petit-Ange2 de l'avoir fait naître et de me l'avoir confié.

 

Adieu mon Tipiak. On s'est battus ensemble, tu t'es battu pour moi, je me suis battue pour toi. Le souvenir de toi, je l'ai dans la peau pour toujours, une cicatrice sur ma main qui me fera toujours penser à toi. Mais qui n'est rien devant l'énorme trou que tu me laisses dans le cœur.

 

calintipiak2.jpg

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Pfiou, quel bel hommage!

Bon voyage Tipiak, là où y a pas d'infection et d'abcès! Tu dois te sentir tout léger!

Et plein de pensées, Artefact!

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Oh bah non, on en parlait samedi soir :(

Vraiment désolée pour toi, ton hommage est très beau et très émouvant, beaucoup de courage :**

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Je suis désolée pour la perte de Tipiak, à qui tu as rendu un bel hommage.

L'amour que tu as pour lui se ressent dans tes écrits.

 

Courage à toi.

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  • 3 mois après...

y'a des périodes où je passe plus par ici, je t'ai déjà tout dis, mais je ne peux m'empêcher :

 

bybye beau ratou!

 

et merci artefact de t'être si bien occupée de lui, il a eu une belle vie malgré tout :**

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Merci goot. Il me manque toujours... je contourne l'endroit où était sa cage pour ne pas m'y cogner, alors qu'elle n'y est plus. Sacré souvenir qu'il nous laisse, ce pépère. Je me souviens encore de l'odeur musquée de son poil, qu'il laissait dans ma paume après une sieste... Il aurait eu 2 ans le mois dernier. Le vétérinaire m'en parle encore, parfois. Chagrin et tendresse.

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