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Peut-on donner de la cortisone sur du long terme?


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Bonjour,

L'un de mes rats de bientôt deux ans allait très mal (détresse respiratoire importante, on a vraiment cru le perdre) et après plusieurs semaines d'antibiotiques, la vétérinaire a proposé d'essayer la cortisone. Ca a été miraculeux: en quelques jours son bruit et son "tirage" respiratoire se sont arrêtés et il a retrouvé vigueur et appétit. Après trois semaines, j'y suis retournée car il s'était blessé à l'oeil, et la vétérinaire a proposé d'essayer de le sevrer de la cortisone: d'une fois par jour on est passés à une fois tous les deux jours. Et bien, ses légers bruits de chaussure qui couine sont revenus direct (il respire encore bien, ne creuse pas trop, mais quand-même, quand le bruit revient maintenant j'ai appris à me méfier!). On pourrait le maintenir comme ça à une fois tous les deux jours, mais moi j'ai un peu peur d'arrêter totalement, que son état ne recommence à se dégrader... Ma vétérinaire m'a dit que la cortisone n'était pas bien tolérée sur le long terme chez les rats (vu l'état dans lequel il était c'était plutôt un traitement palliatif... et j'avoue que je comprends toujours pas bien en quoi ça peut être curatif, mais le fait est que ça marche... on ne sait toujours pas ce qu'il a au final... peut-être une tumeur dans les voies aériennes supérieures qui est nettement améliorée par la cortisone? ) : quel serait le risque à le maintenir sous cortisone ad vitam ? Avez-vous fait cette expérience ?
 

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En fait ça dépend de ce que tu appelles curatif. Il faut comprendre comment fonctionne une infection respiratoire chez le rat :

 

- À cause d'un contexte infectieux (une bactérie pathogène) ou immunodéficient (baisse de forme ou irritation chez un rat baissant l'efficacité de son immunité), les voies respiratoires du rat sont colonisés par des bactéries pathogènes, ou des bactéries symbiotiques du rat (ex : les mycoplasmes) relancent leur multiplication et leur pouvoir pathogène.

 

- En réponse à cela, et pour préserver l'intégrité de l'organisme, le rat développe une réponse inflammatoire (rhinite, trachéite, bronchite... selon la localisation, -ite veut dire inflammation). Cette réponse inflammatoire, qui recrute davantage d'acteurs de la réponse immunitaire, permet de « combattre » les agents infectieux mais est aussi ce qui provoque la majorité des symptômes du rat : éternuements, écoulements nasaux et oculaires, bruits de type couinements ou « grougrous », fièvre, baisse de forme, apathie, anorexie, etc.

 

- Les antibiotiques sont des médicaments qui tuent les bactéries, ou qui empêchent leur multiplication. Il existe diverses classes d'antibiotiques, et on est susceptible de varier car les bactéries présentent des résistances, c'est-à-dire que certains antibiotiques sont pas ou peu efficaces sur elles. Les antibiotiques ne peuvent pas faire tout le travail, mais ils aident le système immunitaire par une sorte de « délégation » du boulot de nettoyer au maximum les voies respiratoires en tuant les bactéries ou en ralentissant leur progression. Ils ne sont pas magiques, mais surtout ils ne sont pas automatiques : c'est en étant exposées aux antibiotiques que les bactéries ont tendance à devenir résistantes. Ce n'est pas du tout comme le bronzage où plus on s'expose au soleil, plus, théoriquement, on y est résistant, c'est une question de sélection artificielle et d'évolution (les bactéries qui étaient, par hasard, naturellement résistantes à l'antibiotique ne seront pas tuées par celui-ci, se multiplieront tranquillement maintenant que le champs est libre, et on se retrouvera avec une majorité de bactéries résistantes alors qu'avant traitement elles étaient marginales et n'avait aucun trait qui pouvait favoriser leur développement par rapport à leurs consœurs non résistantes).

 

- La cortisone est un corticoïde, un type d'anti-inflammatoire, c'est-à-dire qu'elle agit pour réduire l'inflammation. Elle est typiquement utilisée quand l'inflammation est pathologique, c'est-à-dire que les symptômes induits par la réponse inflammatoire sont trop gênants et mettent la vie du rat en danger (difficulté à respirer à cause de l'inflammation des voies respiratoires, difficulté à manger, fièvre trop importante, etc.). Elle est très efficace parce qu'elle a un fort pouvoir inhibiteur de cette inflammation. Néanmoins, on a vu que cette inflammation était justement ce qui permettait au rat de ne pas se faire dévorer de bactéries ! C'est donc une arme à double tranchant. En baissant l'inflammation, on baisse les symptômes, on favorise l'oxygénation et la nutrition du rat, mais on réduit ses capacités à faire face à l'infection.

 

Dans certains contextes (foulure par exemple, tumeur, inflammation chronique non infectieuse) on peut utiliser les corticoïdes seuls. Lorsqu'utilisés à long terme, on aura tendance à donner des doses plus faibles pour ne pas trop interférer avec la production endogène de cortisol (les corticoïdes sont des dérivés synthétiques d'hormones naturellement produites par les animaux, le cortisol, qui est une hormone d'éveil et de résistance au stress, entre autre). De là à dire que les corticoïdes à long terme est mal tolérée par les rats... je dois avouer que je n'ai pas souvenir d'avoir lu ou entendu ça, et que j'ai déjà eu des rats sous corticoïdes pour du palliatif, mais généralement c'était vers leur toute fin de vie, donc ils n'en ont pas eu pendant des mois non plus.

Dans un contexte infectieux non résolu (c'est-à-dire qu'on est pas certains d'avoir au moins une bonne partie des bactéries, et que le corps est capable de prendre le relais) on ne met logiquement pas de corticoïdes sans avoir en plus une couverture antibiotique, c'est-à-dire un coup de pouce pour le système immunitaire du rat. C'est peut-être ce qu'on aura tendance à faire en médecine vétérinaire chez certaines espèces (mais là, je sors complètement de mon domaine d'expertise), mais chez le rat et chez l'humain, c'est assez déconseillé, puisque les corticoïdes ont tendance à « favoriser » les infections en diminuant la réponse immunitaire.

 

Donc c'est à voir avec ta vétérinaire ; si aucune amélioration n'a été obtenue avec les antibiotiques, voire que les symptômes ont empiré, c'est probablement parce qu'ils n'étaient pas efficaces sur l'infection. Différentes classes d'antibiotiques ont-elles été testées ? Cela a-t-il été fait en terme de probabilités (antibiotiques auxquels les mycoplasmes sont les plus sensibles par exemple) ? Sur un temps suffisamment longs ? Un support environnemental (alimentation plus riche et vitaminée, environnement irréprochable avec hygiène de cage renforcée) a-t-il été apporté ? Si ce n'est pas le cas, c'est avant tout là-dessus qu'il faut se concentrer, et les corticoïdes peuvent être utilisés si les symptômes sont trop importants. C'est une question de balance en fait, il faut assez d'inflammation pour que le rat vienne à bout de l'infection, mais pas trop pour ne pas interférer avec ses fonctions vitales.

 

Après il arrive aussi qu'après une infection respiratoire guérie, il reste une inflammation résiduelle qui puisse nécessiter des prises ponctuelles de corticoïdes selon le contexte (grosses chaleurs, allergènes...) ou de faire durer le traitement anti-inflammatoire un peu plus que le traitement antibiotique, mais je ne sais pas si ça correspond à ton cas.

 

 

  • Merci 4
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il y a 46 minutes, Artefact a dit :

Un touuuuut petit peu de mise en page pour transformer cette belle explication en bel article santé "La cortisone", maintenant que 90% du boulot est fait ? :innocent:

La cortisone spécifiquement ou « les pathologies respiratoires infectieuses chez le rat » ? xD
Mais l'un ou l'autre, ça peut se faire !

  • J'adore 1
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Merci pour tous ces détails! 
Dans mon cas ce qui est "perturbant" c'est qu'on ne sait même si c'était une infection ... Il a fait une radio des poumons où on ne voyait aucun foyer, il a eu de la doxycycline (qui a fait un tout petit peu effet au début peut-être, puis ça s'est dégradé), puis du triméthoprime-sulfaméthoxazole (seule la citation des molécules actives est autorisée) (au moins deux/trois semaines chacun) et ça continuait de se dégrader. On a ensuite commencé la cortisone seule (clairement je pense que le but de la vétérinaire à ce moment là c'était de rendre sa fin de vie plus confortable, vu son état on pensait pas qu'il s'en sortirait) et son état s'est considérablement amélioré (un petit bémol toutefois, il a retrouvé son appétit MAIS il ne grossit pas des masses :/...).  Il en a eu pendant presque 4 semaines. Et depuis que j'ai réduit à un jour sur deux il refait ses bruits (mais ce n'est pas catastrophique). 
Je me dis que si c'était une infection, 4 semaines de cortisone seule ça aurait fait flamber l'infection et même avec l'effet anti inflammatoire ça se verrait qu'il va moins bien, non? (enfin cela dit, il ne grossit pas, même s'il a arrêté de maigrir: il avait chuté de 490 à 320 et est remonté à 340).

L'autre hypothèse de la véto ce serait une tumeur dans les voies aériennes supérieures (gorge/nez? clairement le bruit vient de là, et quand il est mal, il s'étouffe en essayant de manger)... 
Bon, on va refaire le point avec la veto et voir si on remonte la cortisone à la dose précédente. 

C'est compliqué ces petites bêtes là ! ;)

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Ouais pas franchement envie de l'embêter si c'est juste pour entendre qu'il a un truc incurable auquel on ne fera rien de plus que si on ne l'avait pas vu...

 

 

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Ça permettrait d'écarter définitivement la piste infectieuse, après effectivement, c'est à toi et à la véto de voir si ça a un intérêt

 

Ceci dit, si on a une tumeur mal placée comme ça, effectivement on est sur du palliatif, donc les effets long terme des anti-inflammatoires sont moins importants, j'imagine ?

Modifié par Moté
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Comme ça avait été dit sur le topic initial (je n'avais pas calé qu'il s'agissait du même rat, il aurait pu être pertinent de poster dans ce sujet dans une optique de suivi plutôt que de rouvrir un nouveau post) ce n'est pas parce que la radio est clean qu'il n'y a pas d'infection. Ça veut juste dire qu'il n'y a pas de traces objectivables au niveau des voies basses, donc que si infection il y a (et vu ce que tu décris, je ne parierais pas sur quoi que ce soit d'autre que ça) soit au moment de la radio, elle touchait uniquement les voies hautes (voies nasales, trachée...) soit elle touchait également les voies basses mais de façon précoce sans qu'il n'y ait encore de traces visibles, chose qui n'est pas rare du tout.

 

Les mycoplasmes sont naturellement résistants au triméthoprime-sulfamethoxazole. Chez le rat, ce n'est pas un antibiotique très pertinent dans la prise en charge d'une infection respiratoire. Il faut plutôt tabler sur les cyclines (doxycycline, mais seule elle n'a pas l'air d'avoir suffit dans ce cas), les fluoroquinolones (comme l'enrofloxacine, mais de mon expérience perso je ne les recommanderais pas seules, mais plutôt associées par exemple à une cycline), le chloramphénicol, les macrolides (azithromycine, erythromycine) ou pourquoi pas les aminosides (gentamicine en injection ou en nébulisations).

Face à une infection qui s'est montrée résistante, et dans le cas où la pathologie est assez grave pour ne pas laisser beaucoup de marge temporelle, il est tout à fait pertinent de faire une double antibiothérapie par exemple.

 

4 semaines de corticos seuls sans dégradation de l'état, je serais moi aussi tentée de penser que ça discrédite un peu la piste infectieuse en cours (mais à mon avis il y en a eu une, j'ai rarement parler de symptômes respiratoires allant jusqu'à l'altération de l'état général et la détresse respiratoire qui ne soient pas corrélés à une infection - la piste allergique pourrait permettre de gros symptômes mais je ne suis pas sûre que ça puisse aller jusqu'à un AEG, et j'imagine que tu as éliminé comme ça avait été suggéré les possibles sources d'allergies -  chanvre, parfums, etc.) mais ça dépend aussi pas mal du dosage. Après il faut savoir qu'après une réponse inflammatoire conséquente, il y a des séquelles (tissu cicatriciel par exemple) qui ne seront pas forcément réversibles, et que la chaleur et la période de l'année (printemps et ses nombreux allergènes) qui peuvent aggraver l'inflammation et les problèmes respiratoires.

 

Concernant la radio, comme dit Moté, ça permettrait de confirmer ou infirmer les hypothèses diagnostics et donc savoir ce qui est le plus pertinent (remettre des antibios, continuer uniquement les corticos en palliatif...). Ce n'est pas franchement un examen invasif, le moment le plus « embêtant » pour lui c'est l'anesthésie flash (qui du coup devra être faite avec précautions).

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Question, on recommande souvent la radio mais très peu le scanner, alors que c’est pourtant vachement plus précis j’ai l’impression. Il y a une raison à cela, ou c’est uniquement le coût de l’examen ?

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Coût et disponibilité (presque tous les vétos ont de quoi faire une radio, le scanner c'est souvent dans la grande ville plus ou moins proche) + autocensure des vétérinaires qui n'osent pas toujours le proposer, en partant du principe que ce sera refusé par le propriétaire. Ceci dit, ce n'est utile que si le résultat peut réellement réorienter la conduite à tenir.

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Oui, par exemple, chez ma veto il n'y a pas de scanner il faudrait aller dans une clinique spécialisée, et bonjour effectivement le cout... Au départ on avait peur de l'anesthésier car son état était assez catastrophique, mais maintenant qu'il va mieux on pourrait y penser. Mais effectivement si de toute façon ça ne fait que valider un traitement qu'on aurait donné quand-même, pourquoi le stresser pour ça. Je pense que la démarche par essais - résultats est pas mal dans ce cas (et tant pis si on a jamais le fin mot de l'histoire)

Pour l'allergie je me demande aussi, vu comment la cortisone a très très bien marché (seule), mais je vois pas ce que j'ai changé. Il a de la litière de chanvre, depuis toujours (et peu), mais il me semblait que c'était l'une des moins allergènes? Je n'ai même pas changé de marque, rien du tout... Je me demande si il a pas inhalé un truc sinon (à un moment ils jouaient avec du polystyrène il aurait peut-être pu respirer une bille?...

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